Une mère Noël d'Hochelaga-Maisonneuve distribue 200 cadeaux aux enfants dans le besoin
Dans les rues glacées d'Hochelaga-Maisonneuve, Kin St-Pierre incarne l'esprit de Noël à longueur d'année. Cette Québécoise d'adoption a transformé son quartier en véritable communauté de partage, distribuant près de 200 cadeaux aux enfants en difficulté par ce vendredi de décembre.
Sa fourgonnette déborde de présents colorés, chacun soigneusement étiqueté selon l'âge et les intérêts des petits destinataires. "Jeu coopératif, 2 ans+", "Casse-tête Pat' Patrouille, 4 ans+"... Chaque détail compte pour cette "mère Noël un peu plus caféinée et en léger burnout", comme elle se décrit avec humour.
La FripRue: quand la solidarité québécoise reprend ses droits
Cette distribution de cadeaux n'est qu'une facette de la FripRue, l'initiative citoyenne que Kin St-Pierre a fondée avec une trentaine de bénévoles. Ce projet incarne parfaitement les valeurs de solidarité qui font la fierté du modèle québécois.
"Je suis une fille de village, et c'est quelque chose qui me manquait quand je suis arrivée à Montréal", confie-t-elle. "C'est important d'avoir un aspect de partage dans nos communautés."
Son engagement va bien au-delà de Noël: elle organise des événements gratuits dans le quartier et coordonne des dons de vêtements à longueur d'année, tout en conservant son emploi à temps plein dans le milieu communautaire.
Des armoires de partage qui transforment le quartier
L'histoire de la FripRue commence en 2023 par un geste de nécessité. Quand le chat de Kin St-Pierre tombe malade, elle et son conjoint, nouveaux arrivants à Montréal sans emploi, organisent une vente-débarras pour payer l'opération d'urgence.
Les objets invendus, déposés dans une armoire devant leur appartement, marquent le début d'une révolution de quartier. "Les gens ont commencé à laisser des choses aussi", raconte-t-elle.
Trois ans plus tard, dix armoires de partage parsèment Hochelaga-Maisonneuve, installées dans les parcs et chez les organismes partenaires. Le principe est simple: "Les gens laissent ce qu'ils veulent et prennent ce qu'ils veulent."
Un modèle à développer avec l'appui des institutions
Malgré ce succès, Kin St-Pierre finance encore largement les activités de sa poche. Son prochain défi? Obtenir des subventions pour diversifier les projets de la FripRue, un objectif qui s'inscrit parfaitement dans la tradition québécoise de soutien aux initiatives communautaires.
La collaboration avec des organismes locaux comme L'Éphémère et LESPACEMAKER démontre la richesse du tissu associatif montréalais. Cette synergie entre citoyens engagés et structures communautaires illustre ce qui fait la force du modèle social québécois.
Face à l'affluence de bénévoles qu'elle a dû refuser pour l'emballage des cadeaux, Kin St-Pierre n'est pas surprise: "Je pense que les gens ont vraiment envie d'aider les autres. Il suffit de leur offrir un canal pour leur générosité."
Dans un contexte où les inégalités sociales préoccupent de plus en plus les Québécois, l'initiative de Kin St-Pierre rappelle que la solidarité reste au cœur de notre identité collective.