Trump baptise des navires de guerre à son nom : une dérive autoritaire inquiétante
Depuis sa résidence dorée de Mar-a-Lago en Floride, Donald Trump a annoncé lundi une décision qui fait sourciller : une nouvelle classe de navires de guerre de grande envergure portera désormais son nom. Une première dans l'histoire présidentielle américaine qui soulève des questions troublantes sur la conception trumpienne du pouvoir.
Des « géants d'acier » à l'image de l'ego présidentiel
Ces bâtiments de guerre de 30 000 à 40 000 tonnes seront « les meilleurs du monde », a proclamé le milliardaire de 79 ans avec sa modestie habituelle. Deux navires de la « Trump Class USS Defiant » verront d'abord le jour, suivis rapidement par une flotte de 10, puis ultimement de 20 à 25 navires.
« Chacun d'eux sera le plus grand navire de guerre de l'histoire de notre pays » et même « du monde », a assuré Trump, fidèle à ses hyperboles grandioses. Ces géants d'acier, équipés de canons, de lasers et potentiellement d'armes hypersoniques et nucléaires, prendront environ deux ans et demi à construire.
Quand l'esthétique prime sur la stratégie militaire
Particulièrement révélateur : Trump souhaite s'impliquer personnellement dans la conception de ces navires « parce que je suis une personne très portée sur l'esthétique ». Cette obsession du paraître n'est pas nouvelle chez le républicain, qui avait déjà critiqué l'aspect « affreux » des récents bâtiments furtifs de la marine américaine.
Devant les plus hauts gradés de l'armée, il s'était même lancé dans une tirade sur l'esthétique navale, plaidant pour le retour des catapultes à vapeur plutôt que les systèmes électromagnétiques modernes. « J'aime voir cette belle vapeur qui se déverse du pont », avait-il déclaré, privilégiant le spectacle à l'efficacité technologique.
Une conception monarchique du pouvoir
Cette annonce intervient alors que l'opposition démocrate dénonce déjà une conception monarchique de la présidence chez Trump. Accrocher des portraits de lui-même à la Maison-Blanche, envisager de frapper une pièce de monnaie commémorative à son effigie, et maintenant baptiser des navires de guerre de son nom : autant de gestes qui rappellent les pratiques des régimes autoritaires.
Cette démarche survient au moment où le Congrès américain vient de voter une loi de défense prévoyant un budget annuel de plus de 900 milliards de dollars. Une somme colossale qui interroge sur les priorités d'une nation où les inégalités sociales se creusent.
Un message géopolitique ambigu
Trump a précisé que cette nouvelle classe de navires était conçue comme un message « pour tout le monde, ce n'est pas pour la Chine. Nous nous entendons très bien avec la Chine ». Une déclaration pour le moins ambiguë dans le contexte actuel de tensions sino-américaines.
Les États-Unis conservent certes une supériorité navale face à Pékin, qui a récemment mis en service son troisième porte-avions équipé de catapultes électromagnétiques. Mais cette course aux armements questionne sur l'avenir des relations internationales sous cette nouvelle présidence.
Au-delà de l'anecdote, cette annonce révèle une approche du pouvoir qui devrait inquiéter tous les démocrates, y compris nous, Québécois, attachés aux valeurs de sobriété institutionnelle et de service public désintéressé.