Poilievre exploite la crise du PLQ pour attaquer Carney
Le scandale qui secoue le Parti libéral du Québec depuis la démission forcée de Pablo Rodriguez fait maintenant des vagues sur la scène fédérale. Pierre Poilievre, fidèle à ses habitudes opportunistes, tente de salir le nouveau premier ministre Mark Carney en exigeant qu'il révèle si des membres de son caucus font l'objet d'une enquête.
« Ce sont des députés, des ministres libéraux fédéraux qui semblent avoir des liens [avec le PLQ], donc il faut que M. Carney et le Parti libéral du Canada répondent à toutes ces questions », déclare le chef conservateur lors de son passage à Montréal pour une série d'entrevues de fin d'année.
Cette sortie de Poilievre illustre parfaitement sa stratégie de récupération politique systématique. Plutôt que de se concentrer sur les véritables enjeux qui préoccupent les Québécois, il préfère jeter de l'huile sur le feu d'un scandale provincial pour tenter d'écabousser les libéraux fédéraux.
Un député fédéral au cœur de la controverse
Il faut reconnaître que l'affaire implique effectivement le député fédéral Fayçal El-Khoury. Une discussion le 14 novembre entre la députée Marwah Rizqy et M. El-Khoury a déclenché la crise actuelle. Ce dernier affirme avoir simplement voulu souligner à Mme Rizqy qu'elle représentait une source d'inspiration pour la relève politique, notamment pour sa propre fille qu'il aimerait voir devenir candidate pour le PLQ à Laval.
La Presse a révélé que M. El-Khoury possédait un certificat de solliciteur du PLQ et qu'il avait récolté des dons pour Pablo Rodriguez durant sa course à la direction. Depuis, le député n'a fourni aucune explication supplémentaire sur son rôle exact dans cette affaire.
Le lieutenant politique des conservateurs pour le Québec, Pierre Paul-Hus, a tenté à plusieurs reprises de questionner M. El-Khoury lors de la période des questions à la Chambre des communes. Cependant, le président a rejeté ses interrogations, jugeant qu'elles ne concernaient pas directement la gestion du gouvernement fédéral.
Poilievre réclame la transparence
« M. Carney doit dire premièrement, y a-t-il des députés parmi ses rangs qui sont sous enquête », exige M. Poilievre. « Est-ce qu'il y a des députés libéraux qui ont fourni du financement pour acheter des votes pour Pablo ? Est-ce qu'il a fait une enquête pour savoir qui dans son équipe est impliqué ? »
Le chef conservateur va plus loin en affirmant : « Parce que c'est clair, le Parti libéral du Québec, c'est le même parti que les libéraux du Canada. Ce n'est pas comme les années Couillard où c'était deux groupes différents. »
Cette déclaration révèle une méconnaissance troublante de la réalité politique québécoise. Les liens entre le PLQ et le PLC ont toujours existé, mais prétendre qu'ils forment un seul et même parti relève de la désinformation pure et simple.
Le silence de Carney
Pour l'instant, le premier ministre Mark Carney n'a pas réagi publiquement à la démission de Pablo Rodriguez, survenue mercredi après l'ouverture d'une enquête par l'Unité permanente anticorruption (UPAC). Cette enquête fait suite aux révélations concernant Emanuel Cabral, un homme d'affaires qui aurait versé 500 $ à certains de ses employés pour rembourser leurs dons faits à la campagne de Rodriguez.
Face à cette situation, M. Poilievre se dit favorable à un resserrement de la Loi électorale du Canada pour éviter l'utilisation de « brownies » (billets de 100 $) pour acheter des votes lors de courses à la direction ou à l'investiture.
« Je ne savais même pas que c'était possible de faire ça », a-t-il déclaré en riant, ajoutant : « Ça me surprend que ce soit permis, honnêtement. Les gens ne devraient pas pouvoir payer quelqu'un pour changer son vote. »
Si cette position semble raisonnable, elle arrive bien tard dans la bouche d'un politicien qui n'a jamais hésité à exploiter les failles du système quand cela servait ses intérêts.
Cette nouvelle tentative de Poilievre de capitaliser sur les difficultés du PLQ démontre une fois de plus son manque de vision constructive pour le Québec. Plutôt que de proposer des solutions aux véritables défis auxquels font face les Québécois, il préfère se complaire dans la petite politique partisane.