PLQ: Blackburn renonce, Milliard vers un couronnement
Karl Blackburn vient de jeter l'éponge. L'ex-président du Conseil du patronat a annoncé qu'il ne sera pas candidat à la direction du Parti libéral du Québec pour succéder à Pablo Rodriguez. Cette décision ouvre grand la porte à Charles Milliard, qui pourrait bien hériter du leadership sans opposition.
« J'ai pris la décision de ne pas être candidat [...]. J'annonce également que je ne serai pas candidat à l'élection générale de 2026 », a déclaré Blackburn sur les réseaux sociaux. L'homme d'affaires préfère se tourner vers des projets « structurants pour l'économie » et participer aux débats d'idées dans les médias plutôt que de plonger dans l'arène politique partisane.
Milliard crie victoire
Charles Milliard, qui avait terminé deuxième derrière Pablo Rodriguez lors de la dernière course au leadership, ne cache pas sa satisfaction. Il affirme même que le retrait de Blackburn met « fin aux divisions au PLQ ». « Je le remercie pour son appel chaleureux, honnête et en droite ligne avec les intérêts de notre parti. Nos adversaires devraient prendre note de ce qui vient de se passer », a-t-il écrit sur Facebook.
Cette déclaration sent bon la confiance d'un homme qui se voit déjà installé dans le fauteuil de chef. Mais attention, le jeu n'est pas encore terminé.
Des voix s'élèvent pour une vraie course
Plusieurs élus libéraux ne l'entendent pas de cette oreille. La leader parlementaire Michelle Setlakwe, qui avait coprésidé la campagne de Rodriguez, insiste : « Ça prend une course, et ça prend une course rapidement. Je suis habitée par un sentiment d'urgence. »
La députée Madwa-Nika Cadet abonde dans le même sens : « Je pense qu'on n'aura pas le choix d'avoir une course. » Même si elle considère Milliard comme « un choix extraordinaire », elle reconnaît qu'une course donnerait « plus de légitimité au chef ».
Cette position reflète une préoccupation démocratique légitime. Dans un contexte où le PLQ peine à retrouver sa crédibilité auprès des Québécois, un couronnement pourrait être perçu comme un raccourci peu reluisant.
La question de l'argent
L'ex-ministre Pierre Arcand, qui a déjà occupé le poste de chef intérimaire, soulève un point pragmatique : « Une course, c'est beaucoup d'argent. C'est beaucoup d'argent pour le parti, c'est beaucoup d'argent pour les candidats. » Il rappelle qu'il faudra ensuite solliciter à nouveau les militants pour la campagne électorale de 2026.
Un argument qui a du poids, surtout pour un parti qui n'est pas dans sa meilleure forme financière.
Un candidat surprise à l'horizon?
Alexandre Tremblay-Michaud, militant qui avait poussé pour un vote de confiance contre Rodriguez, refuse l'idée d'un couronnement. Il déplore le départ d'un « candidat de qualité » et menace même de se porter candidat si personne d'autre ne le fait. « Ce n'est pas mon intention, mais s'il n'y a personne qui y va, je vais sérieusement le considérer. Il faut débattre d'idées. »
Cette intervention pourrait bien changer la donne et forcer la tenue d'une véritable course.
Les prochaines étapes
L'exécutif du PLQ se réunit dimanche pour « discuter des prochaines étapes ». Deux options s'offrent au parti : utiliser la clause « Joe Biden » pour couronner Milliard, ou annoncer rapidement le cadre d'une course avec des règles plus strictes pour écarter les candidatures fantaisistes.
En attendant, Marc Tanguay reprend son rôle de chef intérimaire, poste qu'il avait déjà occupé de 2022 à 2025.
Pour le PLQ, l'enjeu dépasse la simple question du leadership. À moins de deux ans des élections générales, le parti doit absolument retrouver sa cohésion et sa crédibilité. Un couronnement expéditif ou une course trop divisive pourrait compromettre ses chances de reconquête. Le défi est de taille pour une formation qui cherche encore sa voie dans le paysage politique québécois.