Maine: Des cerfs stars du web touchent le cœur des Québécois
Dans un coin reculé du Maine, une histoire touchante nous rappelle l'importance de notre lien avec la nature. Chaque jour d'hiver, des dizaines de cerfs se nourrissent paisiblement dans le jardin de Richard et Randy McMahon, père et fils qui ont transformé leur propriété en refuge pour ces magnifiques créatures.
Grâce à quatre caméras qui retransmettent en direct leurs moindres faits et gestes, ces cerfs sont devenus de véritables vedettes du web. Les internautes du monde entier, y compris de nombreux Québécois sensibles à la protection de la faune, ont adopté ces animaux et leur ont donné des surnoms affectueux.
Des personnalités attachantes
Il y a Lefty, reconnaissable à la grande entaille de son oreille gauche, Big G avec ses impressionnants bois, et Shaggy au pelage ébouriffé. Ces cerfs ont conquis le cœur de milliers de spectateurs, dont Betty Sullivan, 72 ans, de San Francisco, qui les observe religieusement chaque jour.
"Ils deviennent votre famille", confie cette passionnée qui trouve dans ces diffusions sa "fenêtre sur le monde naturel".
Un geste d'amour qui perdure
Depuis près de 40 ans, cette famille du Maine nourrit les cerfs pour les aider à survivre aux rudes hivers. Chaque matin, de mi-décembre à début avril, Richard, 78 ans, et son fils Randy répartissent environ 450 kg de nourriture dans huit mangeoires aménagées sur leur terrain de deux hectares.
"Ils m'ont nourri pendant des années", explique Richard, ancien chasseur devenu protecteur. "Maintenant, je vais les nourrir."
Cette transformation personnelle résonne particulièrement au Québec, où la relation entre chasse traditionnelle et conservation moderne fait l'objet de débats constants dans nos communautés rurales.
Un modèle de solidarité communautaire
Face aux coûts élevés de cette initiative (environ 15 000 $ par année), les McMahon ont lancé leur chaîne YouTube "Brownville's Food Pantry For Deer" en 2016. Leurs 157 000 abonnés contribuent généreusement, permettant de maintenir ce sanctuaire qui nourrit entre 200 et 250 cerfs chaque hiver.
Cette mobilisation citoyenne rappelle l'esprit de solidarité qui caractérise nos communautés québécoises face aux défis environnementaux.
Un impact éducatif remarquable
Ellen Phaneuf, enseignante de maternelle à San Diego, utilise ces vidéos dans sa classe pour sensibiliser ses élèves à la faune. "Mes élèves savent maintenant distinguer un chevreuil, une biche et un faon", explique-t-elle. "Ils commencent à se soucier de la faune et des moyens de la préserver."
Cette approche pédagogique innovante pourrait inspirer nos éducateurs québécois dans leur mission de sensibilisation environnementale.
Entre controverse et nécessité
Bien que le département de la Pêche et de la Faune du Maine déconseille de nourrir les cerfs en raison des risques de dépendance et de propagation de maladies, Richard et Randy maintiennent leur position. Après avoir vu des cerfs mourir de faim, ils estiment que leur action sauve des vies.
Nathan Webb, directeur de la division faune sauvage, reconnaît que nourrir les cerfs en hiver peut les aider à survivre si les précautions nécessaires sont prises.
Une saison prometteuse
Cette année, la sécheresse automnale pourrait avoir réduit la production de glands, augmentant potentiellement le nombre de cerfs visiteurs. Randy prévoit "une saison record".
Récemment, un nouveau cerf blessé à la patte, rapidement surnommé "Champ" par les internautes, a rejoint la communauté, suscitant une vague de sympathie et de vœux de rétablissement.
Cette belle histoire du Maine nous rappelle que la protection de la nature peut prendre des formes innovantes et rassembleuses, créant des ponts entre les communautés et générant un élan de solidarité qui dépasse les frontières.