Luis Miranda veut reprendre le contrôle du déneigement montréalais
Le nouveau responsable du déneigement à Montréal, Luis Miranda, maire d'Anjou depuis huit mandats, ne mâche pas ses mots. Il veut « revenir aux bonnes pratiques » et reprendre le contrôle politique d'un dossier qu'il juge trop laissé aux fonctionnaires.
Cette prise de position, exprimée lors du conseil municipal de lundi, révèle les tensions qui persistent dans la gestion de ce service essentiel pour les Montréalais. Miranda, repêché par la mairesse Soraya Martinez Ferrada pour diriger la propreté et les services à la population, ne cache pas son insatisfaction face au fonctionnement actuel.
Un élu tenu à l'écart des décisions
« Actuellement, le déclenchement des opérations de déneigement relève des fonctionnaires et je suis comme mis au courant après faits », a-t-il déploré. Cette situation, selon lui, va à l'encontre des pratiques démocratiques où les élus devraient avoir leur mot à dire sur les décisions qui affectent directement la vie des citoyens.
Le cas de LaSalle illustre parfaitement ces dysfonctionnements. L'arrondissement s'est vu refuser un remboursement d'environ un demi-million de dollars pour une opération de déneigement locale, faute d'avoir obtenu l'aval préalable d'un comité central. Une situation kafkaïenne qui soulève des questions sur la gouvernance municipale.
Anjou montre l'exemple
L'approche autonome de Miranda dans Anjou semble porter ses fruits. Alors que la ville-centre et les autres arrondissements avaient choisi de laisser fondre la neige le mois dernier, Anjou avait décidé de procéder au chargement. Résultat : trois jours après le début de l'opération actuelle à l'échelle de la ville, Anjou était le premier arrondissement à terminer ses travaux.
« Nous, hier soir, c'était tout fini, mais on n'avait pas de blocs de glace. Alors qu'ailleurs, ce n'est pas fini [mais] il y a des blocs de glace », analyse Miranda avec une pointe de fierté justifiée.
Cette performance contraste avec les retards observés dans d'autres secteurs : Outremont (40% complété), Mercier-Hochelaga-Maisonneuve (63%) et Rivière-des-Prairies-Pointe-aux-Trembles (65%).
Vers une réforme nécessaire
Miranda a obtenu le mandat de mener une large consultation à travers l'appareil municipal. « Il n'y a rien de décidé, qu'est-ce qu'on va faire ou pas, mais c'est vraiment de mettre en place toutes les meilleures pratiques », explique-t-il.
Cette démarche s'inscrit dans une logique de rapprochement entre les élus et les citoyens, valeur chère au modèle québécois de démocratie participative. Il n'est effectivement « pas normal » qu'un responsable politique apprenne les décisions à la dernière minute, surtout quand elles concernent un service aussi crucial que le déneigement.
La question de la décentralisation des pouvoirs reste ouverte, mais une chose est certaine : le statu quo ne satisfait personne. Les Montréalais méritent mieux qu'un système où les décisions se prennent dans l'ombre, loin du contrôle démocratique.