Un entraîneur de basketball reconnu coupable d'avoir exploité une adolescente vulnérable
L'affaire Robert Luu vient de connaître son dénouement devant les tribunaux québécois. Cet ex-entraîneur de basketball de l'école secondaire Saint-Laurent a été reconnu coupable vendredi d'agression sexuelle, de contacts sexuels et d'incitation à des contacts sexuels sur une mineure. Des crimes odieux commis entre 2014 et 2017 contre une adolescente particulièrement vulnérable.
Une manipulation orchestrée dès l'enfance
L'histoire débute quand Daniella n'a que 12 ans. Robert Luu, qui se faisait appeler Bobby, commence à échanger avec elle alors qu'elle n'est qu'en 6e année du primaire. Un soir de juin 2014, profitant du Mondial de la bière pour se donner une image de "bad boy", il lui donne son numéro de cellulaire et commence un harcèlement textuel qui durera des années.
Dès le lendemain, à 5h17 du matin, les messages pleuvent. L'homme de 20 ans ses aînés demande à cette enfant si elle est "tombée en amour" avec lui. Une approche prédatrice déguisée en relation fraternelle qui fait froid dans le dos.
"J'étais sous le choc. J'étais paralysée, car ses parents sont dans l'appartement. C'était vraiment inconfortable, je me forçais à ne pas faire de bruit."
Témoignage de la victime
Un témoignage qui ne trompe personne
La juge Patricia Compagnone n'a pas mâché ses mots pour qualifier le témoignage de l'accusé : "farfelu", "invraisemblable", "effarant", "insensé". Elle a décrit un homme qui récitait "machinalement, comme s'il avait appris une histoire par cœur".
Face à des milliers de messages textes compromettants, Luu a tenté de faire croire qu'il entretenait une simple relation "grand frère-petite sœur" avec sa victime. Une défense que la magistrate a balayée d'un revers de main, soulignant que ces échanges étaient "tout simplement incompatibles" avec une relation fraternelle.
Une adolescente isolée et manipulée
Daniella vivait seule avec sa mère dans un quartier défavorisé de Montréal. Cette situation de vulnérabilité sociale a été exploitée par son prédateur, qui l'accompagnait même à ses rendez-vous de physiothérapie, tissant progressivement sa toile de manipulation.
"C'était très difficile de couper les ponts. Il prenait une grosse place dans ma vie", a confié la jeune femme au tribunal. Une emprise psychologique typique des agresseurs qui utilisent leur position d'autorité pour maintenir leurs victimes sous contrôle.
Un problème systémique inquiétant
Cette condamnation s'inscrit dans un contexte plus large qui interroge sur la protection de nos jeunes dans le milieu sportif scolaire. Robert Luu avait été arrêté en même temps que deux autres entraîneurs de la même école en février 2022.
Charles-Xavier Boislard a déjà plaidé coupable d'exploitation sexuelle d'une jeune athlète, la Couronne réclamant cinq ans de pénitencier. Seul Daniel Lacasse a été acquitté. Cette série d'arrestations avait causé "une commotion dans le milieu scolaire", selon les termes utilisés à l'époque.
Une justice qui doit protéger nos enfants
L'affaire Luu soulève des questions fondamentales sur la protection de nos jeunes dans les institutions d'enseignement québécoises. Comment un tel prédateur a-t-il pu opérer si longtemps sans être inquiété ? Quels mécanismes de surveillance et de protection devons-nous renforcer ?
Les observations sur la peine auront lieu dans quelques mois. En attendant, cette condamnation envoie un signal fort : au Québec, l'exploitation sexuelle des mineurs ne sera jamais tolérée, peu importe le statut de l'agresseur.
Cette affaire nous rappelle aussi l'importance de l'éducation sexuelle et de la sensibilisation de nos jeunes aux comportements prédateurs. Dans une société qui se veut protectrice de ses enfants, chaque adulte a la responsabilité de demeurer vigilant face à ces dérives inacceptables.