Chili: José Antonio Kast remporte la présidence, un virage inquiétant vers l'extrême droite
Les électeurs chiliens ont porté dimanche à la tête du pays José Antonio Kast, leader d'extrême droite qui devient le président le plus à droite depuis la fin de la sinistre dictature de Pinochet en 1990. Un résultat qui suscite de vives inquiétudes quant à l'avenir démocratique de ce pays d'Amérique latine.
Une victoire écrasante qui fait frémir
Avec 58,3% des suffrages contre 41,7% pour la candidate de gauche Jeannette Jara, Kast s'impose largement. Cette dernière, représentante d'une coalition progressiste et communiste modérée, a reconnu sa défaite avec dignité, souhaitant "du succès" au nouveau président élu.
"La démocratie s'est exprimée haut et fort", a écrit Jara sur son compte X, montrant un fair-play qui contraste avec les dérives autoritaires observées ailleurs sur le continent.
Un programme qui rappelle de sombres heures
L'ex-député de 59 ans, catholique intégriste et père de neuf enfants, a bâti sa campagne sur un discours sécuritaire alarmiste et des promesses d'expulsion massive des quelque 340 000 migrants en situation irrégulière, principalement des Vénézuéliens fuyant la dictature de Maduro.
Face à lui, Jeannette Jara, 51 ans et ex-ministre du Travail, défendait l'augmentation du salaire minimum et la protection des retraites, des valeurs sociales-démocrates qui résonnent avec le modèle québécois que nous chérissons.
"Pinochet sans uniforme", une comparaison glaçante
Plusieurs observateurs n'hésitent pas à qualifier Kast de "Pinochet sans uniforme", une référence qui fait froid dans le dos quand on connaît le bilan sanglant de la dictature: 3200 morts et disparus entre 1973 et 1990.
Cecilia Mora, une retraitée de 71 ans ayant vécu cette période sombre, exprime cette crainte partagée par de nombreux Chiliens progressistes qui voient ressurgir les fantômes du passé.
Un contexte préoccupant pour la démocratie
Cette victoire de l'extrême droite s'inscrit dans un mouvement conservateur inquiétant, alimenté par les frustrations post-pandémie et les séquelles de la révolte sociale de 2019. Les experts parlent de "perceptions en décalage avec la réalité" dans un pays qui reste pourtant l'un des plus sûrs d'Amérique latine.
Kast, opposé à l'avortement même en cas de viol et au mariage pour tous, a certes mis en sourdine ses positions les plus rétrogrades durant la campagne, mais ses convictions profondes demeurent inchangées.
Des leçons pour le Québec et le Canada
Cette dérive chilienne nous rappelle combien il est crucial de défendre nos acquis démocratiques et sociaux. Face à la montée des populismes de droite partout dans le monde, le Québec doit plus que jamais affirmer ses valeurs progressistes et son attachement à l'égalité sociale.
L'exemple chilien nous montre aussi l'importance de maintenir un dialogue constructif entre les forces progressistes pour éviter la fragmentation qui profite toujours aux extrêmes.