Wagner : « La chambre rouge », le Netflix de l’horreur ?
Sur Telegram, le groupe Wagner publie ses crimes. À l’image d’un « Netflix de l’horreur ». Une stratégie de terreur numérique qui inquiète.

Wagner : la chambre rouge
Une vitrine de la barbarie
Depuis plusieurs mois, Wagner poste ses exactions sur Telegram. Une décapitation ici. Une exécution là. Des vidéos professionnelles. Le message est clair : nous sommes forts. Un spectacle effrayant.
Terreur à la carte
Le terme « Netflix de l’horreur » circule dans les rédactions. Il résonne comme un paradoxe : un service de divertissement qui banalise le sang. En 2015, les images de propagande de Daech offraient déjà un aperçu de cette stratégie cruelle. Aujourd’hui, Wagner franchit un nouveau palier.
Télécharge tes crimes
Abonnés, like, partages. Wagner publie ses crimes comme on diffuse une série à succès. Interaction garantie. Une proximité morbide. Une fascination malsaine. L’horreur comme produit, standardisant les crimes de guerre.
Une arme psychologique
Au Mali, au Mozambique, au Soudan : ces vidéos ciblent la peur. Elles écrasent l’opposition. Elles visent à dissuader l’ennemi. Cette propagande numérique remplace les kalachnikovs par les smartphones.
Un signal d’impunité
Wagner montre. Wagner défie. Il exhibe une impunité assumée. Le message est double : « Nous sommes là » et « Vous ne pouvez rien ». Un écho glaçant à la tactique soviétique de dissuasion médiatique du XXᵉ siècle.
Réponse des démocraties ?
La modération des réseaux sociaux se révèle impuissante face à Telegram. Les gouvernements s’alarment. L’Europe va-t-elle imposer des règles sur la diffusion de ces images ? La Cour pénale internationale peut-elle agir à distance ?
Une dérive aux conséquences systémiques
Ce « Netflix de l’horreur » transforme les victimes en rôles secondaires. Il banalise la crucifixion. Il nivelle l’émotion collective. Comme si la guerre entrait dans l’ère du binge watching.
Tags : Wagner, crimes de guerre, Mali, propagande, Telegram, horreur, géopolitique, Russie, Europe, terrorisme numérique
Éric Bouchard
Journaliste québécois basé à Montréal. Couvre les questions identitaires, la politique fédérale et les enjeux environnementaux.