Terre-Neuve déplace ses sans-abri vers les grands centres urbains
Face à la crise du logement, Terre-Neuve-et-Labrador déplace ses sans-abri vers les grands centres urbains, soulevant des inquiétudes quant aux impacts humains et sociaux de cette approche.

Des sans-abri de Terre-Neuve contraints de quitter leur communauté faute de ressources locales
La province force le déplacement des personnes vulnérables faute de solutions locales
La crise du logement à Terre-Neuve-et-Labrador prend un tournant préoccupant alors que la province adopte une approche controversée en déplaçant ses sans-abri vers les centres urbains, une situation qui rappelle les déplacements forcés de populations vulnérables observés ailleurs dans le monde.
À Grand Falls-Windsor, les intervenants constatent avec inquiétude que les personnes en situation d'itinérance sont désormais dirigées vers Gander ou Saint-Jean, plutôt que d'être hébergées dans leur communauté d'origine. Cette situation fait écho aux défis complexes que vivent plusieurs communautés face à la précarité sociale.
Un impact humain considérable
"Beaucoup ne veulent pas partir", témoigne Sherri Chippett, directrice générale du Réseau de logement et d'itinérance de Terre-Neuve-et-Labrador. Les personnes déplacées doivent souvent abandonner leurs réseaux de soutien et leurs rendez-vous médicaux, une situation qui rappelle les enjeux d'accès aux services essentiels dans les régions.
Une crise systémique du logement
Les causes de cette crise sont multiples :
- Absence de contrôle des loyers à Terre-Neuve-et-Labrador
- Pénurie critique de logements abordables
- Augmentation des expulsions sans justification
- Revenus insuffisants face à l'inflation
Des dépenses publiques considérables
La Société d'habitation de Terre-Neuve-et-Labrador a investi plus de 8,1 millions $ dans le système privé d'hébergement pour l'exercice 2024-2025, une hausse par rapport aux 8 millions $ de l'année précédente. À Saint-Jean, un hôtel entier a été converti en maison de transition, hébergeant actuellement 75 personnes.
Si une personne ayant besoin d'un refuge souhaite se rendre dans une autre collectivité où des places sont disponibles, nous nous efforcerons de répondre à son choix
Cette situation met en lumière l'urgence d'adopter des politiques de logement plus humaines et durables, incluant l'encadrement des loyers et la protection contre les expulsions arbitraires.
Éric Bouchard
Journaliste québécois basé à Montréal. Couvre les questions identitaires, la politique fédérale et les enjeux environnementaux.