Stiglitz dénonce l'ingérence américaine et le chantage des géants du numérique contre le Canada
Le prix Nobel d'économie Joseph Stiglitz dénonce fermement l'attitude des États-Unis qui ont rompu les négociations commerciales avec le Canada concernant la taxe sur les services numériques. Cette crise révèle une lutte plus profonde entre la souveraineté démocratique et le pouvoir des géants de la tech.

Joseph Stiglitz s'exprimant sur la souveraineté fiscale du Canada face aux géants du numérique
Le prix Nobel d'économie s'élève contre la rupture des négociations commerciales par Trump
Dans une sortie remarquée, Joseph Stiglitz, lauréat du prix Nobel d'économie, dénonce vivement ce qu'il qualifie d'«agression caractérisée» contre la souveraineté du Canada. Cette prise de position intervient après la décision unilatérale des États-Unis de rompre les négociations commerciales avec notre pays.
«Il ne s'agit pas seulement de commerce, il s'agit de savoir si des gouvernements démocratiquement élus peuvent réglementer et taxer de puissantes entreprises, ou si des milliardaires de la tech peuvent dicter des politiques par l'intermédiaire de relais politiques»
Une taxe légitime sur les géants du numérique
Au cœur du conflit se trouve la taxe sur les services numériques (TSN) mise en place par Ottawa. Cette mesure, parfaitement légitime, vise les géants technologiques réalisant plus de 1,1 milliard de dollars canadiens de chiffre d'affaires mondial et plus de 20 millions au Canada.
Cette contribution de 3% sur les revenus numériques cible notamment :
- La publicité en ligne
- Les plateformes de vente
- Les réseaux sociaux
- La commercialisation des données personnelles
Trump et l'intimidation commerciale
La réaction de l'ancien président américain ne s'est pas fait attendre. Sur son réseau Truth Social, Donald Trump a menacé d'imposer des droits de douane au Canada sous sept jours, qualifiant la TSN de «coup direct» contre les États-Unis.
Plus inquiétant encore, lors d'une entrevue à Fox News, Trump a tenu des propos méprisants envers notre souveraineté, allant jusqu'à suggérer que le Canada devienne le 51e État américain.
Un enjeu de démocratie et de justice fiscale
L'ICRICT, commission coprésidée par Stiglitz, voit dans cette situation une «escalade préoccupante dans la lutte mondiale entre la gouvernance démocratique et le pouvoir incontrôlé des entreprises».
Cette confrontation révèle un enjeu fondamental : le droit des États démocratiques à faire contribuer équitablement les multinationales du numérique au financement des services publics dont elles bénéficient.
Éric Bouchard
Journaliste québécois basé à Montréal. Couvre les questions identitaires, la politique fédérale et les enjeux environnementaux.