Le Canada, un refuge imparfait pour les immigrants LGBTQ+
Le Canada, reconnu comme refuge pour les personnes LGBTQ+ persécutées, fait face à une augmentation massive des demandes d'asile. Une enquête révèle les défis persistants derrière l'image du paradis progressiste.

Centre communautaire LGBTQ+ de Montréal, lieu d'accueil crucial pour les nouveaux arrivants en quête d'asile
Alors que le Canada maintient sa position progressiste sur la scène internationale, son rôle de refuge pour les personnes LGBTQ+ persécutées se renforce, mais révèle aussi ses limites.
Une hausse spectaculaire des demandes d'asile
Le Centre communautaire LGBTQ+ de Montréal constate une augmentation sans précédent de ses membres, passant de 800 en 2022 à près de 5000 aujourd'hui, dont 95% sont de nouveaux arrivants. L'organisation AGIR rapporte une tendance similaire, avec plus de 500 personnes soutenues annuellement, contre 80 à 100 avant la pandémie.
Le mythe du paradis queer canadien
Bien que le Canada se distingue par ses positions progressistes, la réalité sur le terrain est plus nuancée. Le professeur Ahmed Hamila de l'Université de Montréal souligne que les nouveaux arrivants LGBTQ+ font face à une double discrimination : l'homophobie et la xénophobie.
Des défis persistants
Les obstacles administratifs, notamment dans le changement de genre sur les documents officiels, illustrent les limites du système. Comme dans d'autres domaines de la politique canadienne, l'écart entre les principes affichés et leur application concrète reste significatif.
Un processus d'asile complexe
Les demandeurs d'asile LGBTQ+ font face à des défis spécifiques dans la reconnaissance de leur statut. Malgré l'adoption du principe d'auto-déclaration, certains commissaires persistent à poser des questions stéréotypées, exigeant parfois des "preuves" problématiques de l'orientation sexuelle des demandeurs.
"Ce sont souvent des personnes qui ont dû se cacher toute leur vie et qui n'ont jamais eu de contact avec la communauté LGBTQ+. Et soudainement, on leur demande d'écrire un récit identitaire et de s'impliquer pour prouver qui elles sont", explique Josu Otaegi Alcaide.
Éric Bouchard
Journaliste québécois basé à Montréal. Couvre les questions identitaires, la politique fédérale et les enjeux environnementaux.