La croissance chinoise de 5,2% masque des fragilités économiques préoccupantes
L'économie chinoise affiche une croissance de 5,2% au deuxième trimestre 2025, portée par des exportations vigoureuses. Mais cette performance cache des faiblesses structurelles inquiétantes, notamment une consommation intérieure atone et des risques déflationnistes qui menacent la stabilité économique du géant asiatique.

Vue aérienne du district financier de Shanghai, symbole de la puissance économique chinoise en mutation
Une croissance en trompe-l'œil qui soulève des inquiétudes
Alors que Pékin s'apprête à dévoiler mardi ses chiffres officiels de croissance, les analystes s'attendent à une progression du PIB de 5,2% au deuxième trimestre 2025. Une performance qui, bien qu'impressionnante sur le papier, masque des déséquilibres profonds dans la deuxième économie mondiale.
Des exportations artificiellement stimulées
Paradoxalement, c'est le conflit commercial avec Washington qui dope les exportations chinoises. Les entreprises, craignant de nouvelles tensions, ont gonflé leurs commandes de manière préventive.
"Avril a été particulièrement favorable aux exportations, en raison des droits de douane américains particulièrement élevés annoncés ce mois-là", explique Alicia Garcia-Herrero, économiste en chef pour l'Asie-Pacifique chez Natixis.
Une consommation intérieure qui peine à décoller
Le véritable talon d'Achille de l'économie chinoise reste sa demande intérieure anémique. Malgré les tentatives de stimulation par l'État, notamment via des subventions publiques, les problèmes structurels persistent :
- Stagnation des revenus des ménages
- Précarité de l'emploi
- Faible confiance des consommateurs
Les dangers d'une croissance "sans profits"
Plus inquiétant encore, cette croissance apparemment robuste s'accompagne de signaux alarmants. La déflation qui frappe le pays témoigne d'une économie en déséquilibre, où la production ne génère ni emplois ni profits substantiels.
Le spectre de la déflation
Les prix à la consommation ont chuté en avril et mai, avant un timide rebond en juin. Les prix à la production connaissent leur plus forte baisse depuis près de deux ans, signe d'une économie qui tourne à vide.
Cette situation pourrait rapidement devenir intenable sans une intervention politique majeure. Pourtant, les autorités chinoises semblent se satisfaire d'atteindre leur objectif de 5%, sans chercher à corriger les déséquilibres sous-jacents.
Perspectives incertaines pour le second semestre
Les experts s'accordent sur un probable ralentissement dans les mois à venir. Sans réformes structurelles profondes et un soutien politique plus marqué, la reprise chinoise risque de s'essouffler, avec des répercussions potentielles sur l'économie mondiale.
Éric Bouchard
Journaliste québécois basé à Montréal. Couvre les questions identitaires, la politique fédérale et les enjeux environnementaux.